En passant par la Lorraine

L’habitat rural lorrain dans le Pays de Sarrebourg

Dans le secteur vallonné du plateau lorrain, au milieu des cultures et des prairies cernées par des forêts ou des bois, le village apparaît parfois progressivement, au fur et à mesure que l’on s’en approche, laissant d’abord poindre vers le ciel son clocher trapu, pointu ou bulbeux selon le cas. Dans cette partie du Pays de Sarrebourg, on découvre surtout le traditionnel village lorrain, taillé ici dans le calcaire du Muschelkalk de couleur blanc écru : le village-rue très étendu, formé de deux lignes de maisons jointives de part et d’autre de la rue principale, parfois doublée par une voie parallèle ou complétée par une rue perpendiculaire. Le plan du village-rue est bien visible à Henridorff et Saint-Louis, mais de nombreux villages du plateau et de la plaine présentent cette particularité lorraine.

Le vilage-rue de Saint Louis - Pays de Sarrebourg


Le vilage-rue de Saint Louis - Pays de Sarrebourg

La voie centrale se distingue par sa largeur, atteignant parfois la dimension d’une place ou d’une esplanade interne, en raison de la présence des « usoirs », espaces libres typique du village lorrain, compris entre la chaussée et les façades des maisons qui s’étendent en profondeur. Autrefois espace réservé pour le rangement du matériel agricole, mais aussi lieu de dépôt du tas de fumier, symbole de l’état de richesse de la maison, les usoirs font souvent l’objet aujourd’hui d’espaces verts aménagés et fleuris, donnant au village lorrain tout le charme de son caractère.

Ailleurs, toujours sur le plateau, c’est un autre type de villages que l’on peut découvrir, au plan plus ramassé, découpé par de nombreuses ruelles enlaçant les maisons.

Dans ce paysage de villages concentrés, il arrive qu’au détour d’un chemin, apparaisse soudain une ferme champêtre, isolée, située aux limites des finages, héritage peut-être d’une villa gallo-romaine, d’une construction monastique, seigneuriale ou bourgeoise (ferme fortifiée d’Azoudange, ferme d’Albeschaux, ferme du Mueckenhof)).

Ferme autour de Sarrebourg - Pays de Sarrebourg

Ferme autour de Sarrebourg - Pays de Sarrebourg

Des caractères de variations

Dès que l’on pénètre dans le secteur de la montagne vosgienne, les villages changent dans leur structure, l’orientation, la forme et la couleur des maisons. Ici, l’habitat, taillé dans le grès rose qui donne aux Vosges Mosellanes cette couleur si particulière, se desserre pour former le village-nébuleuse, c’est-à-dire aggloméré mais non structuré selon un plan rectiligne comme le village-rue (Saint Quirin, Walscheid, Haselbourg), le village étiré le long de la vallée (Lutzelbourg, Abreschviller) ou éclaté en hameaux (Dabo, Hellert, Hommert, Métairies-Saint-Quirin, Turquestein-Blancrupt).

Maison en grès rose à Abreschviller -J-C. KANNY

Maison en grès rose à Abreschviller -J-C_ KANNY

Les caractères de la maison lorraine sont toujours présents, mais les maisons sont orientées avec plus d’indépendance, elles sont plus larges que profondes, et le pignon devient la principale façade. L’espace villageois permet d’édifier des annexes s’ajoutant à la bâtisse principale : annexes d’habitations, granges, hangars, four-bûchers, fontaines,…

Si la maison du plateau lorrain est une maison de cultivateur, celle de la montagne gréseuse réserve à l’élevage une place plus importante. Mais dans les deux cas, la présence de la porte de grange comme élément important de l’architecture de la maison lorraine rappelle la tradition agricole.

Maison à pans de bois à Belles Forêts - J-C. KANNY

Maison à pans de bois à Belles Forêts - J-C_ KANNY

Tantôt cintrée, tantôt rectangulaire, cette porte charretière est toujours entourée par un arc ou un cadre en bois ou en pierre,  dont les plus beaux exemples sont décorés de ciselures ou de figures architecturales.
Vers l’Est du Pays de Sarrebourg, c’est par les toits que l’architecture se différencie du type lorrain. A la ligne de partage entre les parlers de langue germanique et ceux de langue romane, correspond en maints endroits une frontière très marquée entre toits à forte pente et toits à faible pente.

Aux deux types de toitures, correspondent respectivement l’emploi de le tuile creuse lorraine et celui de la tuile plate. Dans tous les villages, objets immobiliers et édifices (puits, fontaines, lavoirs, calvaires, chapelles et églises) ajoutent une note supplémentaire.

Un habitat original ou une architecture peu commune.

Si en Moselle les maisons en pan de bois sont peu nombreuses, elles sont fortement présentes dans certaines communes du Pays des Etangs : Assenoncourt, Belles-Forêts, Bisping, Desseling, Fribourg, Guermange, Rhodes. L’originalité de ces maisons à colombages, adaptées aux terrasses meubles des sols marneux de ce secteur,  réside dans la pente du toit, plus forte que celle du toit de la maison lorraine, ainsi que dans l’absence d’éléments formels que l’on trouve sur les maisons alsaciennes.

Un certain nombre de bâtisses ont fait l’objet d’une restauration des colombages qui sont aujourd’hui mis en valeur. On retiendra notamment la Maison du Clément, à Bisping, restaurée grâce notamment à l’intervention du Parc Naturel Régional de Lorraine. Elle abrite un centre d’éducation au patrimoine et à l’environnement, où une pédagogie est développée autour de la maison en pan de bois.

Dans les hauteurs du massif montagneux, c’est un autre type d’habitat original qui surprend le regard lorsque l’on se trouve à Hellert, l’un des hameaux situé autour de Dabo.  Ici, deux maisons ont été construites sous la paroi rocheuse, taillée dans le grès rose. Aujourd’hui elles ne sont plus habitées mais ont été restaurées pour conserver ce patrimoine si insolite au Pays de Sarrebourg.

Haut de page